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Peur

La peur n’est pas honteuse, elle est simplement humaine. La peur est l’émotion qui nous signale un danger potentiel, déclenche notre instinct de survie qui nous invite à nous protéger. La peur nous avertit en nous signalant que nous traversons une zone de perturbations : « Attention, danger ! » Elle nous invite à prendre nos dispositions pour faire face aux menaces qui peuvent peser sur nous. Le courage, ce n’est pas ignorer la peur, mais la dominer. C’est précisément la peur qui permet le courage.

Dès l’enfance, le petit d’homme connaît de multiples peurs. L’éducation doit viser à lui apprendre à les reconnaître, à les nommer, les exprimer les et les dépasser. La présence de l’adulte à ses côtés et son injonction, empreinte à la fois de fermeté et de douceur, « N’aie pas peur ! », peut déjà l’aider à le rassurer et à lui donner confiance. Mais cette injonction ne doit pas vouloir nier la peur de l’enfant. Elle doit lui signifier : « Tu as le droit d’avoir peur ; mais la peur t’invite à être courageux. Tu peux la dominer en prenant appui sur d’autres énergies qui sont également en toi ».

Ainsi, la peur est en chaque individu et il ne s’agit pas de la refouler en refusant de l’avouer. Il s’agit, au contraire, d’en prendre conscience, de s’efforcer de l’accueillir, de l’apprivoiser, de l’assumer et de la surmonter, tout en sachant que cet effort devra être sans cesse recommencé. L’arrivée de l’autre à mes côtés est dangereuse, du moins elle peut l’être. Elle peut ne pas l’être, mais je n’en sais rien ; c’est pourquoi je la ressens comme dangereuse. Il arrive souvent que ce soit la peur qui crée le danger, et non le danger qui crée la peur. L’autre ne me veut pas forcément du mal ; peut-être même me veut-il du bien, mais je ne le sais pas. C’est pourquoi la présence de l’autre, de l’étranger, de l’inconnu, fait peser une incertitude sur mon avenir ; il m’installe dans l’insécurité, dans l’inquiétude, dans la peur : peur du danger, peur de la souffrance, peur, en définitive, de la mort violente.

La peur de l’autre homme risque de m’inspirer une attitude de fuite devant le conflit. Certes, face à un danger extrême, la fuite peut être dans l’immédiat le meilleur moyen d’éviter le pire. Mais la fuite laisse le conflit intact et il faudra revenir pour, cette fois, l’affronter. Souvent, la fuite risque d’être une lâcheté. C’est pourquoi il importe que je puisse dominer ma peur pour affronter l’autre et construire avec lui une relation fondée sur le respect mutuel de nos droits.

La peur prédispose l’homme à s’établir dans une attitude d’intolérance et d’hostilité vis-à-vis de l’autre. Un facteur irrationnel intervient alors dans le développement des rapports entre les hommes et peut devenir prédominant. La peur est mauvaise conseillère, qu’elle invite à la soumission ou qu’elle incite à la violence. La peur est, en l’homme, l’un des ressorts les plus puissants de la violence. Dominer sa peur, maîtriser les émotions et les passions qu’elle suscite, cela permet d’exprimer son agressivité par d’autres moyens que ceux de la violence destructrice.

Non seulement la raison, mais aussi le corps, doit se décider à la non-violence. Le sujet qui a peur est un être incarné, charnel, corporel. La peur est corporelle et, pour la dominer, le sujet doit maîtriser son corps. Les techniques qui permettent à l’individu de mieux connaître et de mieux maîtriser son corps sont fort utiles pour cheminer sur la voie de la non-violence. Dans l’action non-violente, c’est le corps qui s’aventure et demeure en première ligne, s’expose aux coups, défie la violence et affronte la mort. Si le corps est par trop récalcitrant, s’il est paralysé par la peur et se cabre, il sera difficile à la raison de le raisonner. Il importe que le corps se prépare, s’éduque et s’entraîne pour maîtriser lui-même ses émotions et ses peurs.

Pour surmonter nos peurs, il faut que nous puissions les dire – les « mettre en paroles » –, à nous-mêmes et aux autres. Nous devons apprendre à écouter et entendre les peurs des autres. C’est ensemble que nous pourrons les maîtriser. Il faut ainsi créer des lieux où nous puissions exprimer ensemble nos peurs. En définitive, c’est en agissant ensemble que nous pourrons être sûrs de les avoir surmontées.

L’action non-violente conduit à descendre dans la rue pour manifester publiquement sa volonté de combattre l’injustice. Elle comporte alors le risque d’une confrontation directe, physique, avec les autres, qu’il s’agisse des adversaires ou des agents de la force publique. Et cet affrontement fait peur. Nous avons peur de sortir de notre maison pour mener dehors une action publique qui nous expose aux menaces des autres. Cette peur risque de nous retenir dans le confort de notre vie privée.

À des degrés divers, les États engendrent et entretiennent de nombreuses peurs parmi les citoyens afin d’obtenir d’eux la soumission, le silence et l’obéissance dont ils ont besoin pour assurer leur domination. Le plus souvent, il n’est pas nécessaire qu’ils recourent à la terreur. Il leur suffit d’exercer une menace diffuse pour entretenir une peur diffuse suffisante pour faire respecter « la loi et l’ordre ». Les citoyens finissent par intérioriser cette peur. Pour oser défier l’État en s’engageant dans des manifestations de dissidence et des actions de désobéissance, il leur faudra apprendre à exorciser cette peur. La sagesse du citoyen commence lorsqu’il cesse d’avoir peur du gendarme.

L’État peut également manipuler les peurs des citoyens en exacerbant l’idée d’une menace extérieure. L’État pourra d’autant mieux se faire obéir à l’intérieur de la société qu’il aura su convaincre ses sujets qu’un danger extérieur les menace. Les citoyens doivent se libérer de cette peur factice en déjouant la part de chantage contenu dans cette propagande idéologique de l’État.

 

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