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Intervention civile

La défense des droits de l’être humain, de la justice, de la démocratie et de la paix peut appeler la communauté internationale, les États et les citoyens à intervenir directement sur les lieux d’un conflit. Il s’agit pour eux d’intervenir comme une tierce partie pour s’interposer entre les adversaires de ce conflit et tenter d’établir entre eux une médiation qui permette la négociation d’un traité de paix qui garantisse leurs droits respectifs.

Pour ce faire, les États et la communauté internationale disposent principalement de forces armées prêtes à être « projetées » pour intervenir aux quatre coins du monde. Cependant, tous les observateurs ont souligné que les opérations de maintien ou de reconstruction de la paix nécessitent l’intervention de civils qui puissent accomplir auprès des populations locales des missions de paix qui visent à reconstituer le tissu conjonctif de la société déchiré par la guerre et à reconstruire l’État de droit. Depuis de longues années déjà, les volontaires d’organisations non gouvernementales sont présents sur les lieux des conflits régionaux et s’efforcent, à la mesure de leurs moyens extrêmement limités, d’apporter leur contribution au rétablissement de la paix par la mise en œuvre de méthodes d’action non-violentes d’interposition, de médiation et d’éducation. Ces différentes expérimentations sont riches d’enseignements et montrent la faisabilité de l’intervention civile sur le lieu des conflits, alors même que les combats n’ont pas encore cessé. Des organisations intergouvernementales ont aussi organisé des interventions civiles pour enquêter sur la situation des droits de l’être humain dans les zones de conflit et pour tenter de faire en sorte qu’ils soient mieux respectés.

On peut définir ainsi la stratégie de l’intervention civile : une intervention non armée, sur le terrain d’un conflit local, de missions extérieures, mandatées par une organisation intergouvernementale, gouvernementale ou non gouvernementale, venant accomplir des actions d’observation, d’information, d’interposition, de médiation et de coopération en vue de prévenir ou faire cesser la violence, de veiller au respect des droits de l’être humain, de promouvoir les valeurs de la démocratie et de la citoyenneté, de créer les conditions d’une solution politique du conflit qui reconnaisse et garantisse les droits fondamentaux de chacune des parties en présence et leur permette de définir les règles d’une coexistence pacifique. Les deux visées stratégiques majeurs d’une intervention civile sont, dans un premier temps, de séparer les adversaires pour qu’ils arrêtent de se battre et, dans un second temps, de les réunir pour qu’ils se parlent.

Le plus souvent, l’intervention civile non-violente doit être perçue et conçue comme une intervention auprès des populations civiles dont l’implication directe dans les affrontements peut être très différente d’une situation à l’autre. Dans de nombreux conflits, la volonté de paix des populations est plus grande que celle des dirigeants. Il arrive souvent que ceux-ci se soient érigés en chefs de guerre, en prenant en otage les membres de leur propre communauté. Il s’agit d’entreprendre auprès des populations civiles un travail de pacification en désarmant les esprits et les mentalités et en instaurant des « mesures de confiance » qui visent à créer les conditions d’une coexistence pacifique entre les communautés adverses. Si le soutien des populations aux dirigeants et aux combattants vient à manquer, ceux-ci devront finir par en tenir compte. Le prolongement de la guerre deviendrait une fuite en avant qui ne correspondrait plus à aucun objectif politique rationnel. Ils devraient alors comprendre que leur intérêt même leur demande de préférer la négociation à la poursuite de la guerre.

Les missions d’une intervention civile ne sauraient prétendre faire preuve de « neutralité », du moins si l’on donne à ce mot, selon son étymologie, le sens de « ni l’un ni l’autre », « aucun des deux ». Les membres d’une mission de paix qui vise sinon à la réconciliation, du moins à la conciliation des deux parties engagées dans un conflit, n’ont pas pour mandat de ne prendre parti pour « aucun des deux » adversaires, mais de prendre parti pour « tous les deux ». Ils s’engagent aux côtés de l’un et de l’autre : ils s’engagent deux fois, ils prennent deux fois parti. Mais ce double parti pris n’est jamais inconditionnel : il est chaque fois un parti pris de discernement et d’équité. En ce sens, on peut dire que les membres d’une intervention civile ne sont pas neutres, mais « équitables » : ils s’efforcent de donner à chacun selon son dû. C’est ainsi qu’ils peuvent gagner la confiance des deux adversaires et favoriser le dialogue entre eux.

Aucune ingérence politique n’imposera de l’extérieur la paix à des communautés en conflit. Ni les buts à atteindre pour favoriser la paix, ni les moyens mis en œuvre pour y parvenir ne peuvent être « importés » de l’étranger. Ils doivent être définis sur le terrain, en coopération étroite avec les réseaux de citoyens du pays concerné. En définitive, une paix durable ne peut être rétablie que de l’intérieur, par l’action de membres de ces communautés. Une intervention civile a précisément pour but de faciliter et de favoriser cette action en créant un espace public, un espace politique dans lequel elle puisse se développer. L’un des principes sur lesquels l’intervention civile doit être fondée, c’est que seuls les acteurs du conflit sont en mesure de lui apporter une solution durable. La méthode de l’intervention civile doit se démarquer clairement de la logique de victimisation des personnes auprès desquelles elle intervient. Cette logique tend à considérer ces personnes comme des individus sans responsabilité dans leur passé, leur présent et leur avenir ; elle en fait des assistés privés d’autonomie. Dans cette perspective, une intervention civile n’est pas une simple assistance des populations civiles locales, mais un accompagnement qui permet une coopération avec elles.

Dès le début, une intervention civile ne peut donc se concevoir qu’avec la participation de ceux qui, dans les populations, s’opposent à la logique de guerre et sont prêts à s’impliquer dans une dynamique de paix. Elle doit donc être préparée et déployée avec la participation la plus étroite possible des organisations et des réseaux de citoyens qui se trouvent en accord avec ses finalités et ses modalités. Au demeurant, dans de nombreux cas, c’est sur la demande explicite d’une ou de plusieurs de ces organisations que l’intervention aura été décidée. Il importe de rechercher le dialogue avec toutes les forces démocratiques des différentes communautés locales, tout particulièrement avec les groupes et les organisations engagées dans la défense et la promotion des droits de l’homme.

Les différents leaders locaux de la société civile, dont la légitimité et l’autorité sont reconnues par la population, sont appelés à jouer un rôle décisif dans le processus de paix. Il convient donc de les approcher et de tenter d’établir un dialogue avec eux, en identifiant ceux qui sont engagés dans une dynamique de paix et ceux qui se situent dans une logique d’affrontement.

Un autre élément peut s’avérer déterminant dans l’efficacité d’une intervention civile : des femmes peuvent participer en grand nombre aux différentes actions mises en œuvre. Elles sont en effet mieux à même d’approcher la population féminine des communautés en conflit. Celle-ci occupe une place centrale dans la société civile et, de ce fait, se trouve souvent en première ligne dans une guerre civile, dont elle est la première victime. Elle est appelée à jouer un rôle décisif dans la reconstitution du tissu social, qui est l’une des composantes essentielles du processus de paix et de réconciliation. Dans cette perspective, on peut même concevoir que se créent des « brigades de paix » composées uniquement de femmes dont la mission serait d’accompagner la population civile locale dans le processus de paix. De même, certaines modalités d’intervention civile permettent d’y intégrer des personnes âgées, dont l’autorité naturelle peut avoir un impact important sur la crédibilité de l’ensemble de la mission.

Le fait d’« afficher » clairement le caractère non-violent de l’intervention constitue un atout important pour bénéficier du concours des populations locales. Cet « affichage » peut désamorcer d’éventuelles réactions de méfiance et de rejet de la part des populations civiles vis-à-vis d’une ingérence « étrangère » ; il peut surtout créer un climat de confiance qui facilite grandement leur collaboration. De nombreux réseaux de citoyens des communautés en conflit qui refuseront de collaborer avec une intervention militaire, peuvent accepter de coopérer avec une intervention civile non-violente.

 

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