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Philosophie

Le philo-sophe (du grec philo, « amour » et sophia, « sagesse ») est l’homme amoureux de la sagesse, en quête de la vérité de la vie, du sens de l’existence et de l’intelligence du monde. Il a appris que nul ne peut prétendre posséder la sagesse et que sa recherche n’a pas de fin.

Dans sa réflexion sur l’existence, le philosophe – c’est-à-dire tout homme en recherche de sens – est amené à découvrir que l’être humain ne se construit pas tant dans son rapport à un absolu – au Cosmos, au Bien, au Divin –, que dans sa relation à l’autre homme. L’essence dernière de l’homme n’est pas son « être-au-monde », mais son « être-aux-autres ». La philosophie met en lumière que c’est par la médiation de sa relation à l’autre homme que l’homme peut s’ouvrir à la transcendance. Dès lors, le regard du philosophe voit dans la violence, qui pervertit radicalement sa relation à l’autre homme, une manifestation essentielle du mal et du malheur. Le philosophe craint la violence, non pas celle qu’il peut subir, mais celle qu’il peut commettre. Dans sa méditation sur la mortalité de l’homme, le philosophe en vient à penser que le vrai scandale de l’existence, ce n’est pas que l’homme soit mortel, mais qu’il puisse devenir meurtrier. Il veut apprivoiser la mort, mais il refuse de s’accommoder du meurtre. La sagesse est de craindre davantage le meurtre que la mort.

La non-violence n’est pas une philosophie possible ; elle n’est pas une possibilité de la philosophie ; elle est le principe qui structure le champ de la réflexion philosophique. Nulle philosophie ne peut se réclamer de la sagesse si elle ne pose pas que l’exigence de non-violence s’inscrit comme l’expression irrécusable de l’humanité de l’homme, qu’elle est constitutive de l’humain en l’homme. Méconnaître cette exigence ou, pire encore, la récuser, c’est renoncer à penser l’agir humain et le laisser s’engluer dans les turbulences de l’histoire ; c’est condamner la pensée soit à un idéalisme impuissant, soit à un réalisme de la puissance ; c’est admettre le divorce définitif entre la pensée et l’action. Malheureusement, pendant des siècles, la philosophie a cédé le pas devant l’idéologie exaltant le courage des héros qui prenaient le risque de recourir à la violence pour combattre les ennemis, les infidèles et les méchants de toutes sortes. Il existe ainsi de nombreuses philosophies scélérates qui justifient le meurtre.

Méconnaître l’exigence de non-violence, c’est désespérer de penser l’articulation d’une éthique et d’un agir, c’est nier que l’homme puisse, par la pensée et l’action, se dégager du joug implacable de la nécessité ; c’est dénier à l’homme la capacité d’inventer un geste libre qui puisse l’affranchir de la fatalité et lui permettre de devenir un être raisonnable. Voilà ce que se propose de méditer une philosophie qui découvre à son fondement le principe de non-violence. Ce principe n’est pas posé a priori, mais à la ré-flexion et, à la réflexion, il est universel.

Aussi, ce serait éconduire la raison que de penser l’homme dans son rapport à la violence sans concevoir et affirmer l’exigence de non-violence. Parce que la violence est la négation de l’humanité en l’homme, l’option pour la non-violence apparaît comme l’événement primordial qui inaugure la connaissance philosophique. Confronté aux puissantes inclinations, toujours présentes, de violence, l’homme ne sait rien tant qu’il n’a pas intégré dans sa pensée et dans son attitude la conscience du caractère foncièrement inhumain de la violence. Confrontée à la tentation toujours menaçante du meurtre, l’exigence de non-violence donne à la vie de l’homme l’espérance du sens et de la transcendance.

Dire que le principe de non-violence est le fondement de la philosophie, ce n’est pas dire qu’il n’existe qu’une philosophie de la non-violence, mais que le principe de non-violence se trouve au centre de toute philosophie qui se réclame de la sagesse ; c’est vouloir dire, en d’autres termes, que le principe de non-violence se trouve au carrefour de toutes les philosophies. Car il existe assurément plusieurs approches philosophiques du principe de non-violence. La pensée philosophique peut se développer dans la mouvance de plusieurs « foyers » de réflexion : celui de la connaissance vraie, celui de l’agir bon, celui de l’espérance permise… En outre, un philosophe qui s’inspire de telle tradition culturelle orientale ne fera pas la même approche qu’un philosophe nourri par telle tradition culturelle occidentale. Pour autant, ils seront d’accord sur l’essentiel : ils diront et vivront la même sagesse. Leur dialogue ne sera pas un duel, mais un duo.

Toute philosophie qui ne délégitime pas la violence et n’opte pas pour la non-violence manque son but. Elle se dénature. Elle s’annihile. On s’étonne que des philosophes remplissent des traités entiers de savantes, et souvent fort remarquables, considérations sur le sens de l’existence humaine, sans jamais rencontrer la question, primordiale, que la violence pose à la raison et à la conscience, sans jamais découvrir la vérité, évidente, que la violence faite à l’autre homme frappe de non sens l’histoire de l’homme.

La violence, tout entière faite de mains d’homme, qui accumule dans l’histoire destructions, souffrances, cruautés et morts, est véritablement le scandale de ce monde. Toute philosophie qui ne la conteste pas radicalement laisse, en définitive, libre cours à son déferlement dans l’histoire. Ne serait-ce que par défaut, elle pactise avec les idéologies qui appellent au meurtre pour la défense de causes justes qui risquent alors de devenir détestables ; elle donne crédit aux propagandes qui justifient le meurtre en développant une rhétorique qui, par tous les travestissements possibles de la vérité, apporte de bons prétextes aux pires agissements ; elle cautionne les innombrables massacres qui ensanglantent régulièrement la terre des hommes.

La philosophie inaugure un temps nouveau en affirmant haut et fort la précellence de la vertu de non-violence.

 

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